Interview de Fanja Rahajason de A Coeur Joie Île-de-France : Revitalisation du chant choral amateur en Île-de-France

Bonjour Fanja Rahajason, pouvez-vous partager avec nous votre rôle au sein de A Coeur Joie Île-de-France et comment cela se rapporte à la revitalisation du chant choral amateur dans la région?

Je suis administratrice pour le pôle A Coeur Joie Ile-de-France : trésorière et chargée de production et de communication.

Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels fait face le chant choral amateur en Île-de-France aujourd'hui?

Beaucoup de chorales peinent à attirer de nouveaux chanteurs, particulièrement parmi les jeunes adultes et certains pupitres (tenors/basses), ce qui peut déséquilibrer les formations et limiter leur développement. Cela rejoint des tendances observées aussi dans d’autres contextes amateurs (recrutement, fidélisation difficiles).

Même s’il existe des projets pour impliquer davantage les jeunes (comme des chœurs régionaux jeunes en Île-de-France), beaucoup de ensembles restent majoritairement composés de membres d’une tranche d’âge plus élevée. Cela crée un besoin de renouvellement générationnel pour assurer la pérennité des formations.

Le chant choral amateur n’est pas toujours bien médiatisé ou compris dans l’espace culturel plus large. Des initiatives locales (festivals, rencontres régionales) cherchent à y remédier, mais le défi de valoriser cette pratique et de montrer sa diversité artistique demeure.

Les chorales amateurs oscillent entre un plaisir partagé de chanter et des exigences musicales plus élevées. Cela pose des questions :

Comment soutenir les chefs de chœur amateurs ou semi-professionnels ?

La formation et l’accompagnement sont souvent considérés comme essentiels, mais insuffisants.

La vie professionnelle et personnelle (travail, famille) rend parfois difficile l’investissement régulier demandé par une chorale (répétitions hebdomadaires, concerts, déplacements). Cela impacte la participation et la régularité des choristes.

Il existe une diversité d’attentes parmi les choristes : certains souhaitent avant tout le plaisir de chanter ensemble, d’autres visent un niveau de performance élevé. Harmoniser ces attentes au sein d’un même ensemble peut être un défi pour les chefs de chœur amateurs.

La pratique chorale amateur est souvent portée par des associations locales et des bénévoles. Améliorer les partenariats avec les collectivités locales, les écoles de musique, les institutions culturelles est un enjeu pour renforcer la structuration et l’accès à des ressources (salles, accompagnement, aides financières).

En résumé, les chœurs amateurs franciliens partagent un fort dynamisme et une riche diversité musicale, mais ils doivent continuellement relever des défis liés à la démographie des choristes, à la structuration associative, à l’accès à la formation, à la place du chant choral dans le paysage culturel, et à la capacité à attirer et retenir des chanteurs de tous âges

Comment A Coeur Joie Île-de-France encourage-t-il l'engagement des jeunes dans le chant choral et quel impact cela a-t-il sur le dynamisme de la pratique chorale?

Le pôle essaie autant que faire se peut de proposer des activités spécifiques pour eux : La Compagnie des choeurs de jeunes, des répertoires spécifiques pour eux (plutôt musiques actuelles).

Pouvez-vous nous donner un exemple concret d'une initiative de votre association qui a réussi à revitaliser le chant choral amateur dans une communauté locale?

Le festival A C(h)oeur Voix de Noël (2 éditions/24 et 25), le week-end des chants communs en préparation des Choralies de Vaison-la-Romaine, l'atelier la Misatango de Palmeri.

Comment intégrer les nouvelles technologies peut-il transformer l'expérience du chant choral amateur en Île-de-France?

• Apprentissage individuel amélioré : applications et pistes d’accompagnement permettent aux choristes d’apprendre leur partie à domicile (playbacks par pupitre, boucles, ralentissement, transposition). Plateforme Musichorus. Fichiers voix mp3 enregistrées avec de vraies voix humaines.
• Répétitions hybrides / distantes : en combinant supports audio/vidéo, partitions numériques et séances en visioconférence, un chef peut maintenir la progression même quand certains choristes ne peuvent pas venir en salle. Cela augmente assiduité et inclusion (personnes éloignées, horaires contraints).
• Qualité scénique et enregistrement : microphones, mixage simple et enregistrements multipistes permettent d’archiver le travail, produire démos pour subventions ou diffusion, et donner un retour objectif aux chanteurs sur leur justesse et blend.
• Nouvelles formes d’engagement public : événements numériques, paroles projetées, chorales éphémères et formats participatifs (soirées “chorale” grand public) attirent de nouveaux publics et diversifient les pratiques en Île-de-France.

À votre avis, comment le chant choral amateur pourrait-il évoluer en Île-de-France dans les prochaines années pour s'adapter aux changements sociétaux?

Les chorales éphémères / participatives (soirées “sing-along”, grands rassemblements festifs ouverts à tous) se développent fortement : format court, convivial, faible barrière d’entrée — ça attire un public plus large et plus jeune.

Les institutions régionales et locales investissent dans des projets de sensibilisation et d’éducation choral(e) pour les jeunes (programmes d’éducation artistique en Île-de-France). Cela montre une volonté d’ancrer la pratique dans les parcours scolaires et périscolaires.
Île-de-France

Une attention croissante aux pratiques inclusives (formations pour diriger un chœur mixte personnes valides/dépendantes, projets intergénérationnels) : la Philharmonie de Paris propose déjà des formations dédiées.

Les enquêtes/rapports nationaux montrent que le chant choral reste une pratique importante mais mal documentée : il y a donc un vrai besoin d’observation et d’accompagnement structurés

Quel message aimeriez-vous transmettre à nos lecteurs pour les inciter à s'engager ou à soutenir le chant choral amateur dans leur communauté?

Le chant choral amateur n’est pas seulement une activité artistique : c’est un acte profondément humain. Chanter ensemble, c’est apprendre à écouter l’autre, à respirer au même rythme, à construire une harmonie à partir de nos différences. Dans un monde souvent fragmenté, une chorale est un espace rare où l’on crée du lien, de la joie et du sens, semaine après semaine.

S’engager ou soutenir le chant choral amateur, c’est investir dans la vie culturelle locale, mais aussi dans le bien-être collectif. Les chorales sont ouvertes à tous : pas besoin d’être un « professionnel », seulement d’avoir l’envie de partager une voix, une énergie, une émotion. Elles offrent un lieu d’expression, de confiance et de solidarité, pour les jeunes comme pour les adultes.

En rejoignant une chorale, en assistant à un concert, en donnant un coup de main ou en relayant leurs actions, vous contribuez à faire vivre une culture accessible, vivante et profondément ancrée dans la communauté. Le chant choral amateur a besoin de soutien, mais il rend au centuple : en émotions, en rencontres et en humanité.

Pour en savoir plus : https://www.chorales-idf.org/

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